Pourquoi les amateurs de montres choisissent la marque Raketa ?

Les montres commémoratives n'étaient pas rares en URSS. Fêter le passé glorieux et le rappeler sur un cadran de montre était même habituel et pourtant cette montre se démarque. Parce qu'il ne s'agit pas de fêter un anniversaire du coup d'état du mois de Novembre 17, ou celui de la fin de la guerre chaude en 1945, non il s'agit de fêter l'anniversaire de l'usine de montre qui trouve son histoire dans la fabrique des pierres taillées à Petergof (enfin Petrodvoretz à cette époque). Outre l'usine c'est le passé impérial que l'on évoque. La fabrique et le palais impérial, ce petit Versailles surplombant le golfe de Finlande. Ce qui est aussi devenu le symbole de "la fenêtre ouverte sur l'Europe", cette modernisation à marche forcée de la Russie et son ouverture à la civilisation Européenne. Le boitier et le bracelet dorés renforcent encore le côté impérial. Le cadran guilloché (et doré) apporte un vrai aspect luxueux dans une Union Soviétique qui tirait vraiment vers la fin. Car 270 ans après 1721 cela nous mène à 1991, le moment où le vent du changement soufflait sur l'Europe. Une époque où l'on cherchait d'autres figures tutélaires que les pères fondateurs du Marxisme et Socialisme réel. Je ne suis pas un grand adepte des montres dorées, mais je trouve que cela lui va très bien, il existe des versions beaucoup plus sobres de la même commémoration, Dmitri Brodnikovsky en présente toute une ribambelle sur sa chaine youtube, mais en définitive, c'est toujours le même mouvement 2609 NA, le même boitier (si ce n'est le plaquage or), les mêmes aiguilles noires, le même verre organique, le même fond de boite acier comme il en existe pour des millions d'autres montres sorties de l'Usine. Le luxe dans la sobriété, la grandeur dans la décadence, cette montre exprime à mes yeux toute la force de cette époque de grand changement et de continuité historique. Les anniversaires suivants ont donné des montres remarquable, pour les 290 ans, 2011, la montre commémorative du vol de Gagarine et les magnifiques montres spatiales qui suivirent, pour les 300 ans, 2021, l'impressionnante ligne “Imperial Peterhof Factory” faisant d'un anneau de pierre l'élément central de la montre bracelet et malheureusement aussi devenue le symbole du bain de sang impérialiste qui s'en suivit en 2022. Et puis 2021, c'est les projecteurs sur le palais de Guelendjik, le Peterhof de l'empire d'aujourd'hui, qui n'est plus qu'une triste meurtrière ouverte sur l'Europe. Pour les 310 ans, on ne sait pas encore, 2031 est encore loin. Bref, vous aurez compris que les montres commémoratives sont des invitations à mettre en parallèle des époques différentes, à innover tout en s'inscrivant dans une longue tradition pour imaginer un avenir plus serein. Mais si la montre peut devenir le symbole de son époque ce n'est pas elle qui construit l'histoire, c'est plutôt celui qui la porte, pour le meilleur et pour le pire. Les adjectifs qui la décrivent sont antinomiques car cette montre est une oxymore, elle est somptueuse et simple.

Son nom peut faire peur, Raketa Sniper (ou Military ou Aviator selon le contexte), Raketa veut dire missile ou fusée en russe et Sniper, tireur d'élite en anglais, on imagine encore nouveau missile balistique de précision, ou un missile de croisière ultraprécis capable de détruire sans bavure un hôpital pour enfants à des milliers de kilomètres. Mais il ne faut pas trembler c'est une montre des années 80, une époque où Raketa, était sur un registre essentiellement civil. En réalité le nom fait référence à la mire du cadran qui ressemble à celui d'une lunette de sniper. Ce n'est pas une montre spécialement destinée aux snipers, tout comme la Superman de Yema en fait est essentiellement vendue à des êtres humains normaux, pas des immigrés venant de Krypton. Elle reprend les codes des montres de plongée, comme ceux de la superman d'ailleurs, mais n'en est pas une, il n'y a pas de lunette, elle n'est pas étanche. Elle a bien le revêtement luminescent et les indexes en forme de mire de visée mais son boiter est pour la surface. C'est un excellent compromis pour la vie quotidienne, où l'on a pas besoin de plonger et résister à des pressions énormes, mais où la lisibilité est appréciable. On a donc un boitier 511 tout à fait classique. C'est un modèle qui date de 1981 qui allie le boitier 511 en 38mm de diamètre en laiton chromé avec les aiguilles du modèle Amphibia. Le fond est en inox avec un numéro de série. C'est l'un des rare modèles dans un style militaire de l'usine de Petrodvoretz de cette époque. Le calibre est un 2609NA classique ( sa réserve de marche 36 à 42 heures ). C'est un mécanisme robuste et fiable très répandu, facilement réparable. Elle n'est pas si courante et pourtant très attachante. Adjectifs: Lisible, efficace, légère, militaire, sportive, adaptée, civile

Cette montre porte le nom d'un négociant Britannique ayant rendu visite à l'usine de Petrodvoretz en 1974 et ayant passé une grosse commande pour ce type de montres. On l'appelle aussi "écran" ou "télévisor" en référence à sa forme rectangulaire qui était inhabituelle. Le nom Britannique et cette forme ont dû lui conférer un attrait exotique qui a assuré son succès pendant une bonne quinzaine d'années. Le modèle a notamment été décliné avec la complication jour/date aussi et différents éléments de décoration sur le boîtier ou le cadran. Celui-ci est le boitier laiton le plus courant avec des stries verticales en haut et en bas. Le cadran est quadrillé avec des indexes 3D et la marque Raketa en lettres latines La lisibilité est excellente. Selon Alexandre Brodnikovski, c'est l'un des premiers modèles produits. Cet exemplaire a bien vécu, mais comme toujours j'ai moins de scrupules à porter une montre qui n'est pas dans un état parfait car au moins je me dis pas que je pourrais abimer une pièce de musée et dans les moments d'ennui je peux rêver à ce qu'a été sa vie auparavant dans les steppes sauvages perdues au delà de l'Oural ou dans la vie trépidante d'une mégalopole soviétique pour compter le nombre d'heures passées dans les files d'attentes en tout genre. Les montres battent la mesure, mais ne parlent pas et ne racontent pas ce qu'elles ont vécu, il nous reste à l'imaginer. Je l'ai montée sur un bracelet NATO qui donne un aspect un peu sportif, mais surtout par praticité pour en changer facilement, sur bracelet acier à facettes elle aurait un aspect plus rétro-futuriste des années 1970. adjectifs: vintage, rectangulaire, iconique, exotique, robuste 

S'il y a bien un inconvénient à porter une montre mécanique c'est qu'elle est sensible aux champs magnétiques, si le spiral se fait aimanter elle va perdre en précision. Les champs magnétiques sont invisibles, mais très fréquents. On y pense pas, mais tous ces aimants de fermeture ou de rangement facile sont omniprésents au bureau ou à la maison. S'ils entrent en contact avec la montre, il faut la démagnétiser. L'alternative c'est de porter une montre à quartz, ou bien une montre anti-magnétique, qui n'est pas sensible et garde son indépendance de battement quoi qu'il arrive. Cette Raketa 2610 est justement protégée par une enveloppe antimagnétique et un calibre 2610 spécial. A l'époque dans l'union soviétique de Brejnev il n'y avait pas toutes ces fermetures d'ipad, de smartphone ou d'écouteurs intra-auriculaires, il n'y avait pas beaucoup de montre à quartz non plus, mais certaines professions étaient exposés à des champs magnétiques importants qui pouvaient détraquer leur heure, d'où le développement de plusieurs modèles résistants. Celui-ci a un cadran guilloché clair, un chemin de fer massif, un 6 et un 12 robustes, et des aiguilles bien visibles. Le résultat est une grande lisibilité et simplicité apparente malgré un cadran très travaillé. Le boitier est dédié aux anti-magnétiques mais toujours fait de laiton chromé, c'est deux disques et un anneau de matériaux anti-magnétiques logés à l'interieur qui assurent la résistance aux champs et non le boitier lui même. Adjectif: Libre, lisible, résistante, futuriste, métallique, claire, invisible

Le boitier à double couronne et lunette interne tournante, utilisé dans la World timer et la Rose des sables est aussi présent dans cette "Collège" qui permet d'afficher les jours du mois pour l'année en cours. C'est assez astucieux, et cela rappelle le même dispositif qui est sur les montres japonaises Orient. On l'appelle Collège parce qu'elle était populaire parmi les étudiants (En Russie post soviétique le mot fait référence à l'enseignement supérieur technique, mais le nom vient peut être du monde anglo-saxon où le College est un enseignement supérieur général, je ne sais pas de quand date cette dénomination). Mais elle est aussi appelée Millennium ou tout simplement Orient, car c'est une montre homage aux Orients faites pour le marché européen une ou deux décennies plus tôt. Le mécanisme est un 2628N avec le jour et la date. Le système, bien entendu, est désuet car c'est plus simple de sortir son smartphone si l'on veut le calendrier du mois, on pourra en plus noter ses rendez-vous ou ses pense-bête. Par contre, cela permet de bien comprendre à quel point le calendrier actuel avec 12 mois est idiot et anti-naturel. Il suffirait d'avoir 13 mois de 28 jours dans l'année pour ne pas avoir besoin de calendrier sous les yeux lorsque l'on fait le planning, les jours de la semaine tomberaient toujours à la même date. Il suffirait simplement d'avoir un jour intercalaire (ou deux les années bissextiles) pour retomber sur l'année de 365 ou 366 jours. Des mois qui n'ont pas le même nombre de jours et qui ne sont pas des multiples de 7, faut vraiment chercher à se compliquer la vie pour choisir ça. Et pourtant c'est ce que tout le monde utilise. C'est probablement pour mieux suivre la lune qui n'est pas 28 jours mais à 29.5, ou tout simplement que depuis les Babyloniens ou les Sumériens on est habitués à compter en base douze. Même les révolutionnaires de 1789 voulaient garder 12 mois dans le calendrier républicain, alors que 13 serait plus pratique. Mis à part ces réflexions que cela inspire nécessairement, les aiguilles sont très fines, le cadran est chargé, la couronne de la lunette interne pour sélectionner les jours et l'année est légèrement plus courte que la couronne principale (encore que pas sur les premiers modèles). On a vraiment affaire à une montre d'intello, de coupeur de cheveux en quatre ce qui lui vaut bien son nom de montre d'étudiant, Collège. Adjectifs: intellectuelle, compliquée, complexe, astucieuse, hommage, commerciale, calendaire,

Les montres sont en général conçues pour fonctionner même si elles sont dégradées par un choc (dispositif antichoc ou même G-shock ), ou bien que les conditions ambiantes se dégradent (peinture luminescente pour descendre profond, loin des rayons du soleil), mais elle ne prévoient pas que les capacités du propriétaire diminuent. Or que ce soient la Raketa Big Zero ou cette montre tactile, elles prévoient le cas où la vue du propriétaire se dégrade fortement, voire disparaisse complètement. Cette montre, la Raketa Braille, ou Raketa pour non-voyant, a donc un verre qui peut s'ouvrir, comme un lave linge en appuyant sur le bouton situé sur la couronne et des indexes tactiles, 12,3,6 et 9 étant des indexes doublés pour bien se repérer. Il y a cependant des chiffres et un chemin de fer en noir sur fond crème, pour les voyants. Ce n'est donc pas une montre réservée au non voyants, mais qui convient parfaitement à ceux qui ont peur de le devenir, ou ceux qui ont parfois leur yeux occupés ailleurs et ne sont pa contre une expérience tactile. J'apprécide sa lisibilité bien qu'elle soit petite (34mm). Elle a un boitier chromé et un mouvement 2601. Le musicien Ray Charles en a porté une, il y avait probablement peu de montre tactiles sur le marché à cette époque, la montre est sortie en 1966. (https://youtu.be/8uhsJMmdKFg?si=AiseBf5-YJdpuW5k). Evidemment avec un tel monstre de la musique comme illustre propriétaire, ce modèle ne peut que faire rêver. Adjectif: accessible, respectueuse, inclusive, musicale, magique, tactile, lisible, astucieuse,

Le boitier de la world timer que j'ai recensé précédemment a été utilisé aussi pour une autre montre assez singulière. Cette fois-ci sur un mouvement 12h et la lunette interne servant de boussole en faisant pivoter les directions. Pour s'en servir, il faut retirer la montre, la tenir horizontale, diriger l'aiguille des heures vers la direction du soleil, du moins sa projection à l'horizontale, et faire tourner la flèche rouge sur la lunette interne vers la moitié de la distance entre la petite aiguille et 12h le tout grace à la couronne placée à 4h, car le sud se trouve sur la bissectrice entre l'angle du soleil et le midi. Alors bien sûr il ne faut pas être à l'heure légale, parce que sinon ça ne marche pas. L'heure légale est un concept totalement artificiel auquel le soleil n'a jamais réussi à s'habituer. Depuis le 22 Juin 1940 en France, on dit que l'heure Allemande est notre heure légale. Mais le soleil n'en a cure, pour lui on est resté sur le méridien de Greenwich. De même en été on se décale d'une heure de plus légalement, mais le soleil que nenni, sans même parler de l'équation du temps, ou de l'imprécision du tracé de la Bissectrice... Comme quoi mieux vaut avoir un GPS ou une boussole. Néanmoins la rose des vents et la lunette interne ont un charme fou. Le mouvement est un 2609 NP à remontage manuel. La lisibilité n'est pas extraordinaire avec de fines aiguilles noires sur un cadran imprimé avec une rose des vents rouge et noire. Mais l'idée de la montre est d'avoir du soleil et d'être plus ou moins à l'heure solaire et dans ces conditions la lisibilité est excellente, et si le soleil n'est pas à l'appel c'est lui que l'on regrette plutôt que le design de la montre. Un rayon de soleil nous manque et le monde est si gris, seule cette montre témoigne des jours ensoleillés et c'est cette poésie inquantifiable qui nous ravit.

Raketa est connue pour ses mouvements 24h. Celle ci est un peu particulière puisqu'elle est associée à une lunette intérieure sur lesquelles les principaux fuseaux horaires sont représentés. Mais la langue employée est l'anglais et la ville pour CET n'est ni Berlin, ni Paris mais Genève. En outre sur un cercle inférieur se trouve représentées les bases antarctiques, le continent Antarctique ayant tous les fuseaux horaires, même si sur certains aucune base n'est construite. Ce que j'aime beaucoup, outre cette couronne interne d'heure universelle, c'est la version nuit qui confère une délicatesse extrême. Souvent les modèles Raketa étaient proposés en deux versions, jour (cadran blanc) et nuit (cadran noir). Les fines aiguilles blanches se mouvant sur le cadran noir me donnent toujours une impression de délicatesse feutrée. A cela s'ajoute le numéro de fond 333 que le vendeur du grand nord assurait être un message de l'archange Gabriel, un message de joie, de paix et d'amour, même si je ne sais pas si ce numéro est d'origine, ça fait pas de mal de porter un tel numéro. Le cadran, lui ne représente que les indexes des heures paires et indique les heures impaires avec des sous indexes de 24 minutes (1/60 du tour de la petite aiguille) et 1/60 du tour de la grande aiguille qui elle tourne en une heure et donc chaque sous index pour la grande aiguille correspond à une minute comme toutes les montres). Minuit étant en haut du cadran et midi en bas. Cela peut sembler inhabituel comme façon de faire mais en fait c'est très pratique à l'usage. Le boitier est en laiton chromé avec 38mm de diamètre et un fond en inox. Le mouvement est un 2623N 24 Heures qui est réputé pour être robuste et fiable. Au final c'est une montre que j'apprécide beaucoup Adjectifs: Délicate, cosmopolite, universelle, douce, céleste, planétaire, élégante, extrême, angélique, pratique

Vieille raketa mécanique avec fond bicolore offerte par ma marraine en 1988. Un ami russe ma fait la traduction des textes. Il est marqué rocket, auround the world. Les autres textes all other text is an invitation to exhibition of artists in the Palace of Arts. Je n'ai jamais croisé quelqu'un en avec une montre similaire

Cette montre soviétique est apparue au catalogue de Raketa dès le milieu des années 1970 et surnommée Jeans en raison de la ressemblance de la texture du cadran dans son coloris bleu avec ce pantalon introuvable en URSS et par conséquent extrêmement désirable. Mais il existait aussi en marron et blanc. La montre est ornée d’un signe de qualité soviétique qui était apposée sur chaque objet dont les qualités pour le consommateur dépassaient tout ce qui était disponible en occident (de toute façon les citoyens soviétiques n’avaient pas le droit de faire la comparaison eux même et était très reconnaissant qu’on appose ce signe de qualité). Le mécanisme 2609 NA ne brillait pas particulièrement par la qualité incomparable de sa finition mais sa robustesse et sa fiabilité n’étaient jamais remises en question. S’il y a marqué au dos, « antichoc » c’est en fait « indestructible » que les gens lisaient vu la réputation de ce mouvement. Cette montre est assez emblématique de ce que pouvait produire l’usine Petrodvorets dans les années 1970 qui se démarquait des autres usines soviétiques. La porter presque 50 ans après sur un bracelet cuir contemporain est très agréable. Le son de tic/tac sur 18000 A/h est lent par rapport aux calibres d’aujourd’hui et moins stressant. Elle est légère et discrète (35mm de diamètre) et rappelle la grande époque de l’usine de montres de Petrodvorets. Le coloris marron convient parfaitement à l’été et aux peaux bronzées.