Avis Client Blackout P03 : Radicale, agressive et bestiale

3.9

8

85

Publié le 11/30/2025 - Mis à jour le 11/30/2025

Black Out P03 Tourbillon: une RM enfin abordable !

Aujourd’hui, je souhaite passer en revue mes Black Out. Etant donné que certains collectionneurs ont parfois des préjugés sur la marque, il me paraissait naturel de prendre la plume pour livrer l’avis sans filtre d’un collectionneur client de vraies maisons haut de gamme, donc par nature assez exigeant et qui a pourtant trouvé son compte en ces tonneaux sportifs proposés par la jeune micro-marque genevoise. Je ferai donc deux articles: un sur mes trois P03 et un autre sur mes deux XP1, qui traitera aussi des orientations actuelles d’une marque qui s’affirme et insistera aussi sur l’expérience client depuis la reprise par les deux jeunes gérants actuels. Je l’avoue… Bien des collectionneurs de nos petits milieux sont parfois surpris car ils connaissent mes goûts habituels… Mais j’ai toujours aimé et admiré Richard Mille. Richard Mille est cette maison qui a su casser les codes horlogers au tout début du 21ème siècle, pour paver la voie à une foule de créateurs indépendants en leur montrant qu’il était possible de produire autrement, avec de nouveaux matériaux parfois jamais employés précédemment, en sortant d’un sacro-saint classicisme. La marque s’est ainsi distinguée en proposant un langage stylistique qui tranchait à l’époque avec ce qu’on avait l’habitude de voir: des formes avant-gardistes, du squelettage, un rubber, du carbone, du NTPT, du titane, de la céramique ou encore de l’Alusic, le tout souvent dans des couleurs vives et accrocheuses. Par la suite, des marques comme De Bethune, Urwerk, Greubel Forsey ont pu voir le jour, grâce à l’exemple de la réussite de RM, et ont su développer leurs idées pour cultiver un ADN d’une horlogerie de pointe ultra compliquée au look souvent ravageur, sortant des carcans traditionnels. Ainsi, si l’on peut dire que Patek a été la pionnière de l’horlogerie classique haut de gamme, sans doute RM est-il le pionnier de la Haute Horlogerie moderne et conceptuelle. Néanmoins, RM se distingue par une politique de prix qui le rend juste inatteignable, y compris pour un bon client de marques haut de gamme comme votre serviteur. Comme je le dis souvent… Il ne s’agit pas seulement d’acheter une RM… Il faut aussi pouvoir l’entretenir… Ce qui n’est pas rien. Car pour avoir vu des devis d’intervention passer sur différents groupes privés… Autant vous dire que ces montres ne sont malheureusement pas pour nous, pauvres mortels. On parle par exemple d’un tarif de 60K€ pour un changement de boîtier en céramique qui était embouti. De 20K€ pour le changement de la seule lunette en or blanc de l’ex-RM005 d’un très bon ami collectionneur (qui a depuis réussi à switcher vers une RM67-01 en titane dont il est amoureux)… Du moindre service de base pour une deux/trois aiguilles démarrant à 4K€ avec des surcoûts pouvant être assez exponentiels dès qu’il y a un peu de travail à faire sur la montre. Je pense que pas grand monde, tout du moins en France, ne peut suivre une telle politique tarifaire. Autant vous dire que, si c’est pour suer à grosses gouttes en craignant la douloureuse chaque fois que ma montre a le moindre problème, fusse-t-il une simple rayure que je trouve trop visible et qui me gâche le plaisir de porté, rien ne sert de s’angoisser… Alors que pourtant, je pourrais éventuellement toucher une deux/trois aiguilles des anciennes collections… Une RM005, une RM010 ou une RM016 seraient potentiellement à ma portée… Mais 1) Il faudrait que je revende des pièces pour lesquelles j’ai vraiment lutté, comme ma Nautilus 5711 1A, ce qui est hors de question. 2) Les à-cotés sont juste bien trop onéreux, constituant une charge potentielle potentiellement récurrente que j’aurais du mal à assumer. 3) On ne m’enlèvera pas à l’idée que ces RM simples des anciennes collections sont motorisées par la même base Vaucher que je retrouve dans ma Parmigiani Fleurier Kalpa Grande bien-aimée, qui elle se négocie autour des 3/4K€… Et si le mouvement de ces RM est retravaillé avec un rotor débrayable et une résistance aux chocs accrue… Je donnerais entre 70 et 100K€ pour une finition que je trouve plus austère, moins agréable à l’oeil, sans doute moins léchée que sur ma Kalpa. Et je n’aurais plus ma 5711 qui me manquerait affreusement tant elle a une forte valeur sentimentale et me rappelle bien des souvenirs d’une allocation au Salon survenue in extremis avant sa sortie de catalogue . C’est donc un non pour une RM. La marque est malheureusement hors de mes moyens et il faut l’accepter, c’est aussi bien de garder des rêves qui resteront inaccomplis. Mais alors, comment faire pour goûter à peu près à la même atmosphère de porté sans se ruiner ? C’est là qu’intervient la proposition de Black Out. A l’été 2022, j’assistais alors à ce dîner horloger dans la salle privative d’un restaurant du 2ème arrondissement. Et un bon ami, gros collectionneur, client Patek confirmé (plusieurs Nautilus à son actif), Roger Dubuis (il possède au moins un tourbillon Excalibur) et AP, sans compter son goût prononcé pour les supercars (il switche beaucoup mais a eu par exemple une Aventador, il aurait donc pour ainsi dire les moyens d’acheter une vraie RM) était présent. C’est quelqu’un que j’apprécie beaucoup, qui a toujours des anecdotes intéressantes à raconter. Et j’aime singulièrement la façon qu’il a, l’air de rien, de sortir soudainement des pépites horlogères de son sac… C’est donc lors de ce petit évènement horloger que je le vis dégainer soudainement et de nulle part un tonneau sportif, squeletté et en carbone qui ressemblait fortement à une RM de l’extrême. « Alors, comme ça, tu ne m’avais pas dit que tu avais une RM, cachottier que tu es ! -Non, ce n’en n’est pas une, ils m’ont tellement mal reçu dans le Sud que j’ai acheté ça pour leur faire un pied de nez. Tu verras, c’est marrant ! -Ne me raconte pas des mensonges, c’est une RM, bravo à toi ! -Non je t’assure, regarde bien ! » Et la montre fut la coqueluche du dîner, passant de poignet en poignet, moi-même ayant du mal à la lui rendre. C’est donc au cours de cette réunion que j’ai découvert la P03 Tourbillon de Black Out. Je l’ai revue quelques semaines plus tard au poignet d’un autre bon ami collectionneur et bon client Vacheron que je rencontrais de temps à autres du temps de la regrettée boutique Parmigiani des Jardins du Palais Royal. Pour dire que ces look-likes ont réussi à toucher une clientèle qui a parfois les moyens de se payer la vraie… Ou qui a la vraie et qui les a pris pour avoir quelque chose d’esthétiquement approchant tout en préservant l’originale, par exemple pour les vacances… Pour la petite histoire, Black Out était à l’origine une société customisant des montres fondée en 2007 par Fabrice Letellier (la Royal Oak 5402 full black de Karl Lagerfeld, c’était eux) qui s’est mise à faire des look likes. Le suivi client était néanmoins assez aléatoire, ce qui fait que la marque était devenue assez sulfureuse avec des avis très détracteurs et de nombreux problèmes de SAV. Elle a été cédée en 2022 à deux jeunes amis d’enfance ayant une vraie vision et qui la gèrent aujourd’hui avec un vrai dynamisme et une grosse présence sur les réseaux: Etienne Rousseaux et Timothy Plubeau. La P03 était certes un look like de RM mais elle correspondait à ce frémissement vers la fiabilisation et le regain de sérieux faisant suite au rachat de la marque. Etienne et Tym ont donc décidé de tester une formule sur ces P03 produites en petites séries le temps de mûrir leur projet. Ils les ont ensuite discontinuées (comme toutes les collections de look-likes), pour enfin présenter une nouvelle ligne de tonneaux sportifs à tourbillon ayant toutefois sa propre identité, toujours en utilisant des matériaux innovants (soit la XP1, que je possède en titane et en carbone et sur laquelle je reviendrai rapidement). Ils ont utilisé une recette qui était assez novatrice et qui n’avait pour ainsi dire jamais été essayée, à savoir faire venir des mouvements à tourbillon haut de gamme hong-kongais et les faire fiabiliser par un ex-horloger Patek dans les ateliers de la marque à Carouge, près de Genève. C’était par conséquent une idée originale combinant l’accessibilité asiatique et le savoir-faire suisse, testée et approuvée par votre serviteur ! Cette P03 a donc été produite en séries de 80 pièces en différents coloris (bleu, rouge, blanc, full black et jaune). En carbone forgé (sauf la bague de fond de boîte qui est en acier traité noir, ce qui fait que la montre paraît un tantinet plus lourde au porté que ce qu’on peut attendre d’une super sportive intégralement en carbone forgé). Motorisée par un mouvement PTS Resources à tourbillon volant, certes hong-kongais mais entièrement fiabilisé à Genève. A la finition très soignée, légèrement brossée sur les ponts, ce qui renvoie bien la lumière (j’en veux pour preuve la macro de la cage de tourbillon qu’a prise @nobox.nopapers, qui a fait un petit photoshoot de ma full black). Avec un lume surpuissant qui se charge en un clin d’oeil à la lumière du jour (voir cet autre cliché de ma P03 blanche). 72h de réserve de marche (et elles les tiennent, voire vont même un peu au-delà). Un remontage assez doux avec un joli cliquetis. Le tout pour 3000 euros ! La montre est néanmoins imposante: on est sur 53*45*15 mm. Son gabarit important est donc selon moi son principal défaut. Mais on va dire que ça participe à une ambiance de porté sans compromis et donne un look général très agressif ! Des dires d’un conseiller Patek qui était horloger au Salon avant de rejoindre les équipes de vente et qui les a observées à la loupe (P03 comme XP1), pour 3K€, « elles font mieux que de se défendre » ! Le fait qu’il y ait un vrai SAV capable de les entretenir à Genève (donc géographiquement proche, au contraire des Ofteq, Zeroo Time et autres Cronus Art qui doivent retourner en Asie je ne sais trop comment), que la marque se développe grâce à sa proposition sino-suisse originale et qu’elle vise même maintenant l’international, tend à me donner confiance et à me faire dire qu’elles sont faites pour durer. Je n’ai donc pas l’impression de gaspiller mon argent, car la marque a un vrai cap et a trouve sa marque de fabrique et sa clientèle… Mieux, je pense même qu’au vu du dynamisme actuel de Black Out… Ces P03 discontinuées pourront potentiellement s’affirmer à l’avenir comme LE look-like RM qualitatif de référence, un peu à la manière de ce qu’est devenue la Gevril Tribeca pour le Daytona Paul Newman. Sans bien sûr atteindre des sommets, il est donc selon moi tout à fait plausible que la cote de ces montres augmente un peu pour atteindre des niveaux similaires à ceux de la Gevril… Cette P03, désormais sold out, est inspirée, on ne va pas dire le contraire. Mais comme je le dis… C’est une montre qui a complètement résolu ma problématique RM… Car je le répète et insiste: si je pourrais éventuellement considérer (mais sans doute pas assumer, notamment pour le service après-vente) une RM à deux/trois aiguilles des anciennes collections, la valeur ajoutée pour le prix et les sacrifices demandés n’en valent selon moi pas la chandelle. Et je dois aussi ajouter que ce que j’aime singulièrement chez RM… C’est quand ils partent dans des complications un peu folles et associent le tout à des matériaux de pointe, comme sur la RM009 Tourbillon en Alusic qui est sans doute l’un de mes Graals ultimes… Ce qui fait qu’on est à plusieurs centaines de milliers d’euros, voire qu’on atteint parfois le million. Cela restera donc un doux rêve que me prends à entretenir de longues minutes durant sur Instagram en faisant défiler les hashtags RM et en découvrant souvent des one-offs dont je ne soupçonnais pas l’existence et que je n’hésite alors pas à partager en story ! Pour 3000 euros, j’ai donc quelque chose qui me fait goûter à la même identité, aux mêmes codes visuels que ces RM de l’extrême qui me font tant fantasmer. Et je garde mes pièces de Haute Horlogerie souvent dures à trouver car vraiment de niche et pour lesquelles j’ai tant lutté. Et quand l’envie me pique de jouer au roi du pétrole ou à l’entrepreneur dubaïote à succès, je n’ai qu’à me ruer au coffre pour en sortir une ! Pour les sceptiques, je peux vous certifier que je porte ces Black Out avec exactement le même plaisir que mes vraies Haute Horlogerie, qui ne sont ni plus ni moins que des Patek, Czapek, Parmigiani et autres Romain Gauthier, souvent à complications. Je n’ai donc absolument rien à prouver en tant que collectionneur ! Les amis qui m’ont converti à Black Out sont d’ailleurs eux-mêmes des collectionneurs confirmés amateurs de Haute Horlogerie, donc par nature assez exigeants et pointus. Mieux, mes Black Out sont pratiquement les seules montres non-HH qui tiennent dans le temps au sein de ma collection au point d’y avoir même toute leur place: ainsi, elles réussissent là où mes ex-Tudor Black Bay, pour ne citer qu’elles, ont échoué. Je ne m’en lasse tout simplement pas et aime me regarder dans un miroir souvent en riant, constatant leur présence du tonnerre et leur look d’enfer au poignet. Depuis 2022 et ma première acquisition, je prends toujours une Black Out avec moi en vacances, qu’elle soit une P03 ou une XP1, avec une HH sportive à côté pour alterner un peu. Ces Black Out prouvent donc qu’il est possible de bien faire et de le vendre à prix raisonnable, ce que trop de marques, attirées par l’appât du gain facile au mépris de l’expérience client, ont tendance à oublier ! Pour ainsi dire… La P03 m’a tellement séduit et est un tel bonbon… Que j’ai choisi d’acheter trois fois la même en différents coloris que produisait vraiment RM (j’ai donc choisi la blanche (ma favorite des trois), la jaune et la full black), car je savais qu’elle allait être amenée à sortir de collection assez rapidement. Enfin, comme beaucoup de mes montres, mes P03 sont associées à une foultitude de madeleines de Proust horlogères et ceux qui me connaissent bien savent que le narratif autour de mes acquisitions compte beaucoup pour moi. Pêle-mêle, elles me rappellent le moment du dîner de l’été 2022 où j’ai découvert leur existence, bien sûr ! Mais aussi ces bons moments partagés avec Etienne, qui est un parfait gentleman, lors de nos rendez-vous du côté de Montmartre, quand la boutique de la rue de Rennes n’existait pas encore et où je l’attendais en dégustant une glace libanaise de chez Bachir après une bonne journée de labeur… Ou encore cet instant où nous nous sommes retrouvés dans le même train nous ramenant tous les deux de Genève vers Paris, à la fin de mes vacances d’été dans les Alpes, et où il m’a livré la P03 jaune en douce dans mon wagon… Aussi à quand j’ai pris mon bus en cette matinée de juillet 2022 pour le rejoindre dans un petit café non loin des Abbesses afin de prendre livraison, avec des étoiles plein les yeux, de ma P03 blanche, qui était ma première. J’associe même une musique spécifique à cette acquisition car c’était celle que j’écoutais sur le chemin: il s’agissait de « You Are The Music » de David Guetta, que j’aime mettre chaque fois que je poste des Black Out sur les réseaux car elles m’y font penser. Ces P03 sont donc de belles acquisitions qui ont toute leur place aux côtés de mes vraies Haute Horlogerie et qui ont d’ailleurs tracé la voie qu’a empruntée la marque: celle de poursuivre dans la proposition de tonneaux très sportifs squelettés à tourbillon, présentés dans des matériaux innovants, fiabilisés à Genève, pour concilier l’accessibilité asiatique et les savoir-faire suisses mais sans plus verser dans le look-like et en affirmant une vraie identité suite au lancement de la XP1 et des collections qui ont suivi. Elles me valent souvent des commentaires curieux de gens qui ne les connaissent pas, les prennent pour de vraies RM et constatent néanmoins leur qualité même quand je leur dis qu’elles sont des look-likes et que je les leur présente. Je reviendrai néanmoins dans un second article sur la XP1 qui symbolise l’orientation définitive de la marque: celle de rendre abordable une catégorie de montres qui ne l’était pas pour en faire sa marque de fabrique tout en affirmant cette fois son propre style. Soit pour résumer son slogan actuel: « L’inaccessible devient possible » !

DS possède cette montre depuis 3 à 10 ans

3.9

4.0

Émotion

4.0

Design

3.0

Précision

3.5

Confort

4.0

Robustesse

5.0

Rapport Qualité-Prix

Secondaire

Importance dans une collection

Principale

Rarement

Fréquence à être portée

Fréquemment

Plaisir

Motivation principale à l'achat

Investissement

Plus & Moins de cette montre

Peut être la meilleure RM-like du marché

Rapport qualité/prix/plaisir

Rend abordable une catégorie de montres qui ne l’est pas

Dimensions

Attention à ne pas se faire couper le bras pour un look like

Cet avis est l'opinion subjective d'un membre de la communauté Dialicious et non celui de Achille SAS et/ou de ses équipes.

Où acheter votre Blackout ?

Nous n'avons pas encore de partenaires à vous proposer

L’ordre des partenaires est aléatoire et ne présume pas des stocks disponibles ou des prix de ventes des montres. Dialicious et Achille SAS ne sont aucunement responsables des prestations de ces partenaires mais peuvent potentiellement être rémunérés par ces derniers pour être affichés sur cette page.

img.randomAdvertisingImg

Autres avis publiés par DS

Personnalisez votre Blackout avec notre sélection d’accessoires :

L’ordre des partenaires est aléatoire. Dialicious et Achille SAS ne sont aucunement responsables des prestations de ces partenaires, mais peuvent potentiellement être rémunérés par ces derniers pour être affichés sur cette page.

Vous possédez une Blackout P03 ?

C’est le moment de raconter pourquoi et comment vous l'aimez

© Dialicious 2019 - 2025