Avis Client Patek Philippe Gondolo : Mystérieuse, classe et racée

4.5

Vintage
12

646

Publié le 2/10/2025 - Mis à jour le 2/10/2025

Avis sur ma Patek 2479R

Aujourd’hui, je souhaite revenir sur une acquisition qui est sans doute la plus sentimentale de toutes: celle de ma Patek Philippe 2479R Clous de Paris. Cette montre est tout bonnement rarissime et a été l’objet de réelles obsessions, voire même de fantasmes, qui remontent au tout début de mon aventure horlogère, puisqu’il s’agit ni plus ni moins de la montre de mon arrière-grand-père. Initialement, alors jeune adolescent commençant à avoir une passion dévorante pour l’horlogerie, j’avais ingénument demandé à mon père quelle était la marque de montres la plus prestigieuse. Ce à quoi il m’avait répondu qu’il s’agissait de Patek Philippe. Et ma mère de renchérir: « Une Patek… Ton arrière-grand-père en avait une… Je crois que c’est Jacqueline (ma grand-tante) qui l’a aujourd’hui »… Et elle m’évoqua le souvenir flou d’une montre de forme rectangulaire, qu’elle avait vue pour la dernière fois au poignet de mon arrière-grand-mère le jour du décès de son mari, ce qui l’avait frappée car cette montre n’était pas avec son porteur habituel et était une montre d’homme. Je commençai alors à écumer Internet, à me plonger dans le passé de la marque et découvris des choses tout bonnement extraordinaires. Je fis connaissance avec des sommités en termes de design comme la 2442 Monroe, la 2441 Tour Eiffel, la 2517 Accordéon, la 2471 Bélier, les spectaculaires montres asymétriques dessinées par Gilbert Albert et tant d’autres… Et commençai à l’imaginer… Et si cette fameuse Patek vintage rectangulaire était de celles-là ?! Fin avril 2010… Ayant de gros problèmes de santé mentale, nous remplissions des papiers pour que je passe mon baccalauréat dans un soins-études du 13ème arrondissement de Paris. C’était une époque où je commençais à découvrir beaucoup de choses, malgré la maladie. Après une grosse période ABBA, mon père me faisait découvrir Pink Floyd dont je n’allais pas tarder à tomber amoureux, au point que le style touche-à-tout très créatif des natifs de Cambridge, passant tour à tour du psychédélisme au rock progressif avant un dernier virage vers le rock plus généraliste, allait rythmer toute ma période lycée… Je découvrais aussi les Orgues de Flandre, dans le 19ème arrondissement qui me faisaient penser à la folie des années 70, une époque où les rêves de gigantisme étaient permis, où bien des choses semblaient possibles. Les formes particulières des Orgues et le carrelage grisâtre de leur façade m’attiraient, je les trouvais intéressantes et beaucoup ne comprenaient pas mon attrait pour elles, les jugeant quelconques voire franchement laides. J’appréciais le fait que Martin Van Treck avait tenté de reproduire les tuyaux d’un grand orgue dans le dessin des quatre tours, sans compter les bâtiments en gradins les précédant et donnant sur l’avenue de Flandre, dont l’irrégularité me séduisait. Toutes ces découvertes de l’adolescence, de mes années lycée, je les relie dans ma tête à la 2479R Clous de Paris car elles sont contemporaines les unes des autres. Elles sont pour moi de véritables madeleines de Proust que je chéris singulièrement. Nous devions donc aller fêter l’anniversaire de Franck, le fils de Jacqueline (donc l’un de mes cousins) et cette dernière allait être présente. C’est donc naturellement que, n’ayant jamais eu de Patek en mains, je lui demandai de la sortir de son coffre pour me la montrer. Entre temps, nous avions reçu chez nous la fille de Jacqueline, Candice et ses enfants que nous avions emmené jouer dans un square voisin. Et Candice me confia: « Maman va au coffre aujourd’hui pour te la sortir »… Je commençais alors à l’imaginer et étais excité. Etait-ce l’une de ces références de forme extraordinaires que j’avais vues passer sur Internet ? J’avais acheté un Sport Auto « Toutes les Sportives du Monde » que je dévorais pendant que les enfants jouaient. Ce détail a son importance car la 2479R Clous de Paris m’a marqué au point que, que tous les ans, vers la fin avril, je reviens dans ce square précis avec cette annuel de Sport Auto que je lis sur un banc, entre autres rituels autour du souvenir de la 2479R Clous de Paris que je qualifierais presque d’autistiques, ce qui n’est en rien une insulte en raison des nombreux symptômes de cette neuroatypie que je présente. Ce petit plaisir m’est d’autant plus savoureux aujourd’hui que j’ai la montre en ma possession, ce qui rend l’expérience singulièrement émouvante. Mais revenons à sa découverte. Le 2 mai 2010 vers 14h. La Volvo S60 bleue de mon père se dirigeait vers cet immeuble des années 80 de la banlieue Est parisienne. J’écoutais alors en boucle un titre qui s’appellait « Giorno di Festa » composé par la chanteuse italienne Jalisse dont les paroles évoquaient « un orologio », une montre, qui semble-t-il, d’après ce que je comprenais (je ne parle pas l’Italien), était offerte à un jeune marié par sa future femme lors de leur union. Arrivés sur place, Jacqueline se retira un instant dans la chambre où elle avait déposé son sac et revint avec l’objet… Et encore aujourd’hui, je me souviens à quel point j’ai vibré. Elle était délicieusement patinée, son cadran à index obus et double index à midi m’évoquant une sorte de papyrus. Elle avait une petite seconde à six heures. Son verre était cependant assez rayé. Elle avait deux godrons de part et d’autres de son joli boîtier tout incurvé. Et surtout, elle avait cette double lunette dite « Hooded Lugs » avec un guillochage Clous de Paris massif qui rendait l’ensemble singulièrement beau, avec un côté pièce de musée surannée, magnifiquement Art Déco. Et ses courbes, son galbe, son confort au poignet… Je découvris plus tard qu’elle était motorisée par le 9-90, un calibre de forme comme Patek n’en fait plus présentant des finitions à couper le souffle: anglages multiples, réglage par Col de Cygne, visserie polie miroir, Côtes de Genève, perlage… Malheureusement, ma grand-tante m’adressait un « non » pour que je la récupère, désirant la réserver à ses descendants en ligne directe. Compréhensible. Mais décevant. Et si triste. Car je ne décelais pas de réelle sensibilité horlogère chez son fils. Alors que moi, j’étais ému comme rarement, je bouillais d’enthousiasme. Ayant pris deux-trois mauvaises photos, je décidai de faire un post sur différents forums pour tenter de l’identifier. Sans succès. Ma première visite au Musée Patek me fit alors remarquer un exemplaire strictement similaire qui était exposé. Je me dis alors: « si elle est au Musée, c’est qu’elle doit être vraiment rare ». Et je me mis à écumer les catalogues de vente aux enchères sans jamais la trouver (Patek n’ayant pas mis les affichettes explicatives sous les montres à l’époque). Jusqu’à ce que je tombe sur celui de la vente « The Art of Patek Philippe » de 1989 à Genève chez Antiquorum. Et immense surprise, le lot 79 (ça ne s’invente pas)… Etait un exemplaire similaire de 1954, me permettant de l’identifier comme étant une 2479R Clous de Paris. Je décidai alors de Googleiser « Patek Philippe 2479 » et constatais qu’Internet semblait complètement muet sur le sujet, ne mentionnant que quelques rares exemplaires en or jaune à lunette lisse, la seule strictement identique étant celle de l’enchère de 1989. Je commençais à devenir très suspicieux, imaginant une sorte de pièce unique ou en tout cas rarissime. Et les rituels autistiques liés à son souvenir se multiplièrent, de même que les stratagèmes pour tenter de la récupérer. Ainsi, je pouvais rester de longues minutes au pied de l’immeuble de mon arrière-grand-mère (et dans le petit square public juste derrière), où se trouvait aussi la banque où ma grand-tante stockait la montre, muré dans le silence, me recueillant vis-à-vis du souvenir de mon aïeule, des jeux avec les fils de Franck et rêvant de la 2479. Là, je demandais à mon père, qui avait des relations d’affaires avec ce fameux Franck, s’il ne pouvait pas négocier la montre en guise de remerciements pour l’aide apportée lors d’un contrôle fiscal. En vain. J’imaginais aussi un futur où j’aurais emménagé dans cet immeuble, avec la 2479R Clous de Paris au poignet, en tentant de remeubler l’appartement comme il était du vivant de mon arrière-grand-mère pour cultiver sa mémoire en ayant ramené sa montre dans son immeuble. Avec dans le salon, un grand canapé en cuir blanc. Dans la salle à manger, une table de verre. Et dans l’entrée, une vitrine avec des petites figurines asiatiques en émail. Je me souvenais de ce petit Bouddha au sourire assez énigmatique que j’aurais adoré récupérer après le décès de mon arrière-grand-mère. Et je voyais aussi la 2479 dans mon sommeil. Tantôt sous la forme de la montre rarissime et fantasmée qu’elle était. Ou sous les traits de ce petit Bouddha, apparaissant dans mes songes nocturnes et doté de pouvoirs magiques. Ou encore sous la forme d’une créature que ma grand-tante avait le pouvoir de libérer sur demande, un peu à la manière d’un Davy Jones avec le Kraken dans « Pirates des Caraïbes: le secret du coffre maudit ». Février 2018. Nous fêtions mon anniversaire et j’avais demandé à Jacqueline de me ressortir la 2479 pour faire de meilleures photos. Entre temps, j’avais acquis des montres de forme prestigieuses, une Parmigiani Fleurier Kalpa Grande, une Patek Gondolo 2488J, offerte par mon père pour mon bac obtenu brillamment et surtout en guise d’encouragement alors que j’allais toujours mal mentalement et une Patek Ellipse d’Or 3548J acquise grâce à des petits boulots en caisse. Toutes constituaient des sortes de réponses au refus de Jacqueline de me céder la 2479. Mais cette dernière restait toujours mon rêve et une sorte de must en termes de montre de forme, tout du moins à mes yeux. Je lui associais ainsi les vers floydien de « Shine On You Crazy Diamond » : « Nobody knows where you are/How near or how far/Shine On You Crazy Diamond »… Elle était si proche… Mais en même temps si lointaine, semblant si inaccessible… Après avoir refait des photos avec mes deux Patek, je tentais une nouvelle accroche pour la récupérer. Avec en retour toujours un « non » poli mais ferme de Jacqueline. Nous arrivons alors en février 2024. Après avoir beaucoup travaillé pour diverses institutions financières, j’avais décidé d’entamer une reprise d’études en Master, en ayant à l’esprit que, chaque fois que j’avais été dans cette école, il s’était passé des choses extraordinaires, souvent autour de l’horlogerie. Ainsi, pour mon Bachelor en alternance obtenu brillamment, j’avais été alloué de mon Aquanaut 5167 1A (sur bracelet, donc mais que j’allais switcher plus tard pour un rubber) aux Salons Patek. Et je me disais bien que ce Master allait me réserver des choses, sans compter que Patek préparait ce qui était annoncé comme une nouvelle collection, la première pour hommes depuis 1997 et la sortie de la toute Aquanaut. Le samedi 10 février, à 6 jours de mes 31 ans, je faisais défiler Chrono24, à la recherche de pièces à acheter. Et quelle ne fut pas ma surprise de voir soudainement apparaître dans mon fil… Une 2479R Clous de Paris ! J’ajoute que j’avais missionné les plus gros brokers de Patek anciennes (John Reardon de @collectability, @johnbehalf et Davide Parmegiani) pour me trouver un exemplaire similaire… La réponse avait été à chaque fois négative: « nous n’avons jamais vu passer cette référence sur le marché ». Et là, j’en voyais une, en France, à Paris, chez Europiècedor, à proximité de mes bureaux. Je cliquais sur les images pour les agrandir… Le vernis du cadran était un peu abîmé au niveau de la petite seconde, le cadran piqué à une heure et à huit heures, il était aussi un peu noirci dans le coin supérieur gauche… C’était elle car je savais la reconnaître en raison de sa patine ! J’envoyais alors un message Whatsapp au vendeur: « Votre 2479, vous me la mettez de côté, je passe lundi à midi et son achat est pratiquement acquis ». Réponse positive. Je trépignais en attendant que le week-end s’achève et en espérant que Roni (@roni_m_29), ce fameux collectionneur ès Patek vintage de forme rarissimes, ne la repère pas et ne me grille pas la politesse… Le lundi 12 février, à midi, après avoir averti deux bons amis collectionneurs que la fameuse rareté de mon grand-père était en vente, je me ruai vers la rue de Richelieu et arrivai devant chez Europiècedor essoufflé, retrouvant mes deux compères. Nous sonnâmes et entrâmes. J’avais amené avec moi une photo de famille prise lors du mariage de mes deux arrière-grand-parents, où on voyait mon aïeul porter la 2479 qui émergeait de sous la manche de son costume et que l’on reconnaissait aisément. Je me présentai. Le gérant d’Europiècedor me sortit la 2479. Et moi de demander du tac au tac: « Comment l’avez-vous eue ?!  -C’est un Monsieur qui me l’a amenée. -Un Monsieur ?! Ce n’était pas une dame âgée et assez forte ?! -Non, c’était un Monsieur. -Mais vous ne pouvez pas me donner son identité, me dire qui il était ?! -Désolé, c’est le secret des affaires. Ce que je peux vous dire, c’est que c’était une montre qui a toujours été dans la même famille (gros red flag !). -Mais elle est en dépôt/vente ?! Expliquez-moi… -Non, il me l’a vendue et je la propose. Je n’ai plus de relation commerciale avec lui mais ne peux vous donner son identité. Mais pourquoi voulez-vous savoir tout ça ?! Vous êtes de la même famille ?! » J’étais gêné et tiquai. « Vous pouvez me le dire, j’ai déjà eu à régler des histoires de succession assez compliquées autour d’objets de famille ». J’avouai alors et de sortis la photo de mon grand-père. « C’était la montre de mon arrière-grand-père », dis-je. Et l’émotion se mit à m’envahir. « Mais vous comprenez, elle est rare, rarissime, même, ça fait 13 ans que je la cherche, que je l’attends, que j’écume Internet dans l’espoir d’en trouver une », éructai-je, l’un de mes amis me faisant cependant discrètement du pied pour me tempérer, vu qu’elle était sous-cotée et que je risquais avec ma tirade de finir par la payer bien plus cher. « Mais non, Monsieur, des 2479 à Clous de Paris, il y en a, regardez ! ». Et il me sortit les photos disponibles sur Google, issues de mes revues sur divers forums, donnant un petit côté désopilant à l’affaire. Tempérant mes ardeurs, le gérant d’Europiècedor restant fair play, je fis un virement instantané, demandai à l’un de mes amis de me prendre en photo en tenant la montre et sortis pour reprendre le travail, n’en croyant pas mes yeux ni mes oreilles et passant une après-midi en étant assez déconcentré. Arrivé à la maison à la fin de la journée, je la sortis de son étui et fondis en larmes… Mais non sans me demander… Qui était ce Monsieur qui l’avait sortie et vendue, sachant qu’elle n’était pas censée bouger de son coffre ?! Je commençais à suspecter que Franck avait procuration sur le coffre de sa mère. Il me semblait aussi avoir entendu que Franck s’était disputé avec elle mais n’en n’étais plus très sûr. Et l’hypothèse germait dans mon esprit… Et si Franck avait vendu la 2479 dans le dos de sa mère pour faire un peu d’argent ?! Bien qu’ayant pour ma part acquis l’objet de bonne foi, ce dernier aurait été subtilisé. Ce qui me laissait craindre une forme de recel, sans arriver à pleinement qualifier juridiquement cette situation assez originale. J’interrogeai alors ma mère, sans l’avertir de mon achat, la 2479 ayant toujours été un sujet sensible, ayant parfois été accusé d’avoir un intérêt mal intentionné, alors que je souhaitais simplement offrir une seconde jeunesse à une très belle et rarissime montre dont personne ne semblait avoir l’utilité et qui était abandonnée dans son coffre, ainsi qu’une voiture de collection hors norme abandonnée sous un tas de paille dans une grange avant d’être découverte des décennies plus tard et de faire s’affoler les compteurs des enchères… « Dis-moi, entre Franck et Jacqueline, ça se passe comment entre eux ?!  -Ah, je crois qu’ils ne se parlent plus, qu’ils sont en froid ». Je commençais alors à me sentir vraiment mal à l’aise. Arriva le 16 février et mes 31 ans. Jacqueline m’écrivit pour me présenter ses voeux. Et je commençai à enquêter, très progressivement. « Merci pour tes voeux. On se voit peu. Comment va ta famille ? Franck, Candice, les enfants, donne-moi des nouvelles !  -Candice et les enfants vont bien et partent en vacances en Savoie. Par contre, Franck, je ne lui parle plus, je ne sais plus ce qu’il fait, on est en froid depuis des mois ». Enfer et damnation, cela semblait confirmer mon hypothèse. J’appelai alors Jacqueline, mon coeur tambourinant dans ma poitrine. « Tu vas bien ?! Je vais te poser trois questions, ça va te sembler sans doute un peu étrange mais il le faut… 1) As-tu été cambriolée ? -Non. -OK. Franck a-t-il procuration sur ton coffre ? -Non. Mais que veux-tu qu’il aille chercher dans mes affaires ?! » Donc ce n’était pas Franck. Mais qui était donc ce Monsieur l’ayant sortie de son coffre et cédée à Europiècedor, bon sang de bon soir ?! Je me dis alors qu’il fallait crever l’abcès et demandai: « Très bien. Mais qu’as-tu fait de ta Patek ?! -Ah, ma Patek… Ecoutes… Je t’ai toujours dit que je voulais qu’elle revienne à mes descendants en ligne directe. Je suis en froid avec Franck, c’est vrai. Mais je vois ses deux fils. Et je l’ai donnée à Jonathan, l’un d’eux ». Ainsi donc… C’était le fin mot de l’histoire. Jonathan (que je n’avais plus vu depuis des années du fait de soucis familiaux) avait récupéré la 2479 et, voyant probablement la marque inscrite sur le cadran, associée à son prestige, l’avait immédiatement revendue. Je changeai immédiatement de conversation et conclus avec Jacqueline, qui n’est semble-t-il, à l’heure où j’écris ces lignes, toujours pas au courant. Quelques semaines plus tard, mon père voulant me faire un cadeau pour mes 31 ans, nous prîmes la ligne 1 pour nous diriger vers la station Tuileries, non sans l’avertir… « Tu n’es pas prêt pour ce que tu vas voir ». Arrivé à Tuileries, mon père me reprit: « Je vois. Tu m’emmènes chez Patek. Mais pourquoi ?! ». Accueil princier de mon conseiller de toujours (qui avait entendu parler de la 2479 depuis le début de notre relation en 2012, où il avait suivi la restauration de ma 2488J), petit café et je sortis l’étui où se trouvait la montre, sans la révéler. « Papa, tu ne devineras jamais ce qu’il y a dans cet étui ». Et je la révélai sous les yeux pétillants de mon conseiller: « Papa, elle est sauvée, c’est terminé », avant de voir mon père presque tomber de son fauteuil sous le coup de l’émotion. Et de lui raconter l’histoire de son sauvetage in extremis. Avant que, pour mes 31 ans et pour marquer l’épilogue de la plus longue liste d’attente (13 ans à fantasmer sur une vraie grosse rareté), il ne m’offre un set de pompes en or, un bracelet en alligator caramel et une boucle Patek. Quelques mois plus tard, je me rendis au Musée Patek afin de réunir les deux seules 2479R Clous de Paris connues et rencontrai un sympathique conseiller des Salons Patek de Genève, ayant de belles connaissances en vintage et qui se proposa de consulter les archives du Musée pour moi. Quelques semaines plus tard, je reçus une longue réponse de sa part, riche d’enseignements. La 2479, si les documents d’archives ne permettent pas de différencier les boîtes à lunette lisse en or jaune des boîtes guillochées en or rose et d’identifier le nombre d’exemplaires précis en circulation, est une référence initialement rare. Probablement encore plus en or rose qui était un métal très peu utilisé dans les années 50. La 2479R Clous de Paris du Musée est celle de l’enchère de 1989, les numéros de boîte et de mouvement en attestent (j’avais aussi remarqué qu’elles étaient toutes deux de 1954, semblant donc être une seule et même montre). La mienne est de 1950. Le boîtier de la 2479R a été fait et guilloché par Georges Croisier, un fabriquant de boîtes des années 50 aujourd’hui disparu. Et, point très intéressant, on peut supposer que la décision de guillocher ces boîtes en or rose relevait d’un choix qui pouvait s’apparenter à une commande spécifique, mais qui ne répondait apparemment pas à un processus de production régulier, n’en suivant pas la logique. Février 2025 et le pèlerinage père/fils annuel à Rétromobile. Ce cru avait une saveur particulière puisque se tenait en son sein un salon horloger annexe, « Time On Show », créé à l’initiative d’un groupe de collectionneurs très élitiste mené par @golberger. Je choisis de venir avec la 2479R Clous de Paris. Et mon père peut en témoigner… Ces marchands, qui pourtant exposaient des 2499, des grandes complications en tout genre et autres pièces d’indépendants de prestige, étaient tous surpris de découvrir une Patek qu’ils n’avaient semble-t-il jamais vue ailleurs. Je n’ai donc pas compté les « Nice watch ! What’s that ?! It’s just gorgeous ! Never seen one of these ». Jouissif ! Plus tard, un sympathique collectionneur rencontré lors des Geneva Watch Days de 2025 me parraina pour un accès au site everywatch.com, répertoriant toutes les ventes de montres passées et présentes. C’est naturellement que j’imposais le filtre « Patek 2479 ». Résultat: 7 apparitions en vente référencées dont une seule pour la 2479R Clous de Paris: à l’enchère de 1989, où elle n’avait pas été vendue. Et puis s’en va ! Ce détail me fit beaucoup cogiter. Si elle n’avait pas trouvé preneur, elle avait alors dû retourner chez son premier propriétaire ou à la famille de ce dernier. Philippe Stern, percevant la rareté de l’objet et dont la collection constitue le Musée Patek, les avait sans doute approchés pour l’acquérir… Si l’on est dans le cas d’une commande… Se peut-il qu’elle ait été passée à deux ? En d’autres termes… Le premier propriétaire de la 2479R Clous de Paris du Musée connaissait-il mon arrière-grand-père et ont-ils décidé ensemble de faire un custom sur une base de 2479 ? Patek ne détenant pas les noms des premiers propriétaires des montres, contrairement à Breguet… Philippe Stern détient-il la clef de l’énigme de la 2479R Clous de Paris ? Je rêverais de lui poser la question… Mais pour l’heure, il faudra patienter, espérant que je puisse provoquer l’occasion de le rencontrer et espérant qu’il ne soit pas d’ici là emporté par l’âge qui avance…

DS possède cette montre depuis 1 à 3 ans

4.5

5.0

Émotion

5.0

Design

4.0

Précision

5.0

Confort

3.0

Robustesse

5.0

Rapport Qualité-Prix

Secondaire

Importance dans une collection

Principale

Rarement

Fréquence à être portée

Fréquemment

Plaisir

Motivation principale à l'achat

Investissement

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