Avis Client Czapek Antartique Rattrapante : Exclusive, bestiale et complexe

Czapek Antarctique Rattrapante: une supercar horlogère mésestimée M’interrogeant sur l’opportunité d’acquérir la Patek Cubitus 5821 1A et devant l’absence de réponse précise du Salon Patek quant à une possible allocation, je me suis alors mis à beaucoup m’interroger sur les options disponibles à ce niveau de prix et me suis naturellement mis à scruter le marché en recherche d’un potentiel meilleur rapport qualité/prix/contenu horloger… Il est vrai qu’étant plus vers la fin de mon parcours horloger qu’au début, je voulais potentiellement quelque chose de très compliqué, une montre qui en jette, qui ait une certaine présence au poignet. Je pouvais ainsi être fasciné par ces RMs assez extrêmes jouant avec les matériaux de pointe et les complications, mais dans une autre sphère tarifaire que celle de mon budget habituel. C’est alors que j’ai repéré, à un prix assez attractif au regard de la qualité de l’objet, chez les excellents et sympathiques vendeurs de chez Subdial à Londres (dont je salue la patience suite à mes quelques déboires de conformité bancaire pour faire un virement important en livres sterling) la Czapek Antarctique Rattrapante Silver Grey objet du présent article. Et je commençais alors à réfléchir. En effet, voilà une montre qui cochait bien des cases vis-à-vis de mon cahier des charges: sport-chic, avec ce squelettage profond de la rattrapante côté cadran (Czapek est le seul à l’avoir fait pour l’instant), à haut niveau de finition, avec ces airs de grande complication assez extrême, pouvant être portée sur bracelet, cuir ou rubber avec cette possibilité de changer de bracelet et de style en un clin d’oeil, étanche à 120m, d’une marque que j’affectionne tout particulièrement (étant très satisfait de ma première expérience avec la Terre Adélie Secret Alloy, qu’elle complèterait idéalement), qui conserve malgré tout un petit lien avec Patek grâce à l’histoire du nom et serait donc capable de combler le vide laissé par la Cubitus et son manque d’innovation, de caractère purement disruptif pour ce qui nous avait été vendu comme une nouveauté importante… Pour plus ou moins le même prix que cette dernière ! Bref, les motivations d’achat ne manquaient d’autant plus qu’en y réfléchissant bien, pour retrouver ce type de grosse complication squelettée très sportive, sauf erreur, il fallait aller chez RM ou MB&F dans un segment de prix encore supérieur, sans compter les coûts de maintenance d’un chronographe à rattrapante, absolument exponentiels chez Richard Mille, ce qui m’aurait fait suer à grosses gouttes à chaque service en attendant le devis (ce qui n’était pas faute d’en avoir vu passer sur Puristspro ou des groupes Whatsapp privés)… Un dernier point achevait de me convaincre… J’avais été tellement satisfait de mon premier achat chez Czapek que j’avais souvent pensé à lui offrir une petite soeur car j’ai ce type de fonctionnement avec mes montres: quand j’aime singulièrement une marque, il m’en faut généralement plusieurs, de façon à en avoir toujours une quand l’autre part en service… Ma décision était finalement prise. Foin de la Cubitus, trop chère pour juste un boîtier différent par rapport à ma 5711 1A… Et je contactais Subdial pour concrétiser. Une fois la montre en mains, j’ai pu constater toute l’excellence de ses finitions et de sa conception… On est donc sur une montre de 42.5mm de diamètre, mais qui se pose excellemment bien au poignet en raison de l’absence de cornes. L’épaisseur peut sembler conséquente à 15.3mm mais ne pas se fier aux apparences… C’est le saphir « cheminée » qui l’accentue grandement (comme souvent chez Czapek, le verre ajoute un surcroît d’épaisseur qui se ressent moins au poignet). La carrure est bien plus fine, ce qui laisse la montre facilement s’apprivoiser. La montre est étanche à 120m, ce qui permet à l’Antarctique Rattrapante d’être portée au quotidien. Côté cadran, c’est un vrai spectacle. La complication de ce mouvement SHX6, réalisée en partenariat avec Chronode, est complètement squelettée, permettant d’observer le ballet des cames et des rouages lorsque l’on joue avec le chrono, puis la rattrapante. Le principe de la rattrapante est assez simple: mettons que je chronomètre un groupe de voitures faisant des tours de circuit. Je vais donc lancer le chrono en appuyant sur le poussoir supérieur à la couronne. Considérons maintenant que je chercher à savoir à quelle minute précise une voiture parmi les autres passera devant moi. Au moment où elle le fera, j’enclencherai la rattrapante en appuyant sur le poussoir à 10h. De cette façon, l’aiguille rattrapante se stoppera au moment précis où cette voiture aura fait la manoeuvre alors que l’aiguille principale du chrono continuera sa course. Mettons alors que je souhaite reprendre mes mesures pour me focaliser sur une autre voiture du groupe: j’appuierai alors encore une fois sur le poussoir à 10h pour que l’aiguille rattrapante « rattrape » l’aiguille principale afin de tourner à nouveau et d’être prête pour un nouveau calcul (d’où le nom de « rattrapante »). Et enfin, une fois que j’aurai fini toutes mes mesures, j’appuierai de nouveau sur le poussoir supérieur à la couronne pour remettre le chrono à zéro. C’est donc une complication qui requiert une grande maîtrise technique car l’on a en quelque sorte deux chronos en un ! Ce cadran (ou plutôt son absence) offre une grande profondeur, où l’on voit absolument toutes les pièces. Les poussoirs sont doux et souples d’utilisation. Ils sont très réactifs à l’enclenchement de la complication. Les composants de la complication squelettée sont tous chanfreinés et brossés sur le dessus. La visserie est polie miroir. Les aiguilles sont bleuies à la flamme. Les sous-compteurs Silver Grey ont des reflets irisés de toute beauté, semblables à ceux d’une opale noble. L’ensemble joue donc magnifiquement avec la lumière. Le fond saphir est plus sobre, avec une alternance de ponts sombres très correctement réalisés, aux anglages assez vifs mais néanmoins avec un beau rotor en or recyclé. Le bracelet, quant à lui, a, contrairement à celui de mon Antarctique Terre Adélie, bien évolué, notamment au niveau de l’intégration qui est meilleure et des maillons dont cet effet « articulé » le rendant rugueux au toucher se ressent moins. Contrairement à ma Terre Adélie, j’ai le micro-ajustement de série, très pratique pour l’été quand le poignet gonfle un peu. Ainsi, par une préhension des petits poussoirs de part et d’autre de la boucle, je peux faire coulisser les maillons en avant ou en arrière pour plus de confort de porté. Et bien sûr, comme sur toutes les Antarctique, j’ai le dispositif « quick change » avec ce petit levier qu’on fait tourner à l’aide d’une tige sous les courtes cornes, permettant de passer à un cuir ou un rubber (que Subdial m’a très gentiment sourcé auprès de la marque car il manquait à la montre pour qu’elle soit complète, je remercie aussi Nicolas pour la qualité de son suivi), ce qui est toujours aussi pratique pour avoir un peu l’impression de changer de montre. Ainsi, un tel système est bienvenu car je trouve que passer la Rattrapante sur rubber l’allège, tant visuellement qu’au porté, vu qu’elle est malgré tout une assez grande montre qui a une certaine présence. Pour finir, la tenue de l’heure, comme d’habitude chez Czapek, est exemplaire, la dérive journalière étant très faible. Pour conclure, l’Antarctique Rattrapante est, au même titre que ma Parmigiani Fleurier Ovale Pantographe acquise quelques semaines plus tard, une sorte de boss final, l’une plus habillée, l’autre dans un registre sportif. Ce duo acquis sur un temps rapproché, est finalement horlogèrement bien plus intéressant que la seule Cubitus 5821 1A qui innove in fine assez peu, même si elle reste une pièce très agréable à porter. Nous sommes ainsi très peu à posséder ces deux pièces en France (peut-être suis-je même le seul ?!), ce qui me plaît singulièrement. Compliquées, exclusives, au look assez extrême, assez uniques en leur genre, ces deux montres m’ont valu à de nombreux compliments, notamment quand je me suis promené à l’espace horlogerie des Galeries Lafayette, où des vendeurs ont voulu les voir de plus près et les prendre en photo ou lors des récents Geneva Watch Days où je me suis rendu avec le Pantographe. Elles méritent donc d’après moi amplement le titre de supercar horlogère au vu de l’enthousiasme et de l’intérêt qu’elles suscitent quand je les amène avec moi aux nombreux évènements horlogers. Si, comme mentionné dans la revue du Pantographe, ce dernier me fait penser à la Bugatti Royale, la Czapek, en revanche, serait plus une Pagani en raison de sa sportivité et d’une certaine bestialité.